
Le texte
du mois


La prairie en juin est la mer où les anges
Vont, se balançant sur la pointe de leurs ailes,
Ce qui les fait ressembler à des caravelles
Etranges.
Et la prairie a des milliers d’yeux d’or, d’yeux roses,
Et des milliers d’yeux bleus et des milliers d’yeux rouges,
Pour voir, semblable au paon couleur du flot qui bouge,
Ces choses.
Quand, à l’extrémité de quelque tige frêle,
Ainsi qu’un éventail de fêtes espagnoles
Un papillon déploie avant qu’il ne s’envole
Son aile,
On peut se demander si les grillons qui crient,
Le prenant pour un ange à leur humble mesure,
Dans le beau flamboiement de l’herbe qui s’azuré
Le prient.
Ma France poétique : Terre
Francis Jammes